Bonjour à tous,
Début mars sonnera la reprise de la pêche. Patrick propose une sortie Rhône direction le sud en compagnie de Medhi. Camaraderie, barbecue, soleil, découverte et changement d’air, telle sera la thérapie. Cela fait plus de quinze ans que je n’ai pas pratiqué en fleuve et pris par le temps, rien n’est préparé non plus. Sur un coup de fil, Medhi me breefera rapidement. Il reste huit heures pour charger et faire route.
Vingt et une heure. Descendant de la voiture, je salut Med, qui attaque d’entrée par un état des lieux exemplaire du secteur, je me permettrais juste de l’interrompre le temps de couper le contact et fermer les portes du véhicule. Finalement, devant l’embarras du choix qu’offre la zone, c’est l’observation d’activité de fishs qui tranchera, aussi le poste proposant un moindre courant semble plus rassurant. Selon les infos, la tendance donnerait les meilleures résultats au Frolic, à la graine et au pellets, sur pêche de rappel.
Niveau appâts, six kilos d’INSTANT FISH 20 mm et vingt kilos de mélange fermenté tiggers/maïs m ‘accompagnerons. Concernant l’attraction des graines bien acidifiées et aux effluves plutôt agressives, je ne me pose pas de question. Concernant ces fameuses billes en revanche, je suis pleinement satisfait du contexte de ce premier essai. D’une, la tendance ne favorisant pas la pêche à la bille sur cette partie pêchée du Rhône m’incitera plutôt à en utiliser. De deux, n’ayant encore jamais essayé d’appâts Déesse, de si bonne réputation pourtant, et un peu blazé des bouillettes du commerce en règle général, j’allais donc pouvoir apprécié sur le terrain l’attractivité, l’instantanéité de ces produits disons «haut de gamme», dans des conditions d’utilisation inconnues et déstabilisantes.
Commençant à monter le matos, j’hésite encore sur la gestion de l’amorçage. Pour les billes, tenant compte de la probable présence de blancs, de la dispersion dut au courant, et d’une instantanéité théoriquement moindre relativement à la graine, j’attaquerais avec le tiers du sac soit deux kilos au plus prés des montages, accompagné de cinq kilos de graines très largement dispersés. Décision prise, j’interrompe l’installation histoire de benner et faire travailler le poste au plus vite. Il est déjà une heure lorsque j’ai placé les trois montages (une bouillette, deux tiggers, trois maïs plastique). C’est parti pour un petit quarante heure, çà pêche !
Vérifiant alors minutieusement la connexion des RX et la conformité de l’installation, une frontale scintille au loin, Med est en train de danser avec un poisson. Je fonce voir çà. Terrible, après seulement trois heures de pêche, une commune de quinze kilos deux cent est dans l’épuisette. Rapidement, nous effectuons la pesée et quelques photos. Ce fish a répondu à la bille, des Déesse également. C’est bien ce sur quoi je commence à bloquer en quittant Med pour aller me coucher. N’arrivant pas a dormir, autant pêcher, cela fait trois mois que j’attends, trois heures qu’on est là, un beau poisson au tapis, à la bille, alors allons-y. Je refais trois nouveaux montages intégralement, au plus adapté selon le courant, et surtout solides au maximum. Corps de ligne 52 °/°° et tête de ligne 60°/°° nylons, deux-cent cinquante grammes de plomb en dérivation, longs bas de ligne fluoro 60 °/°°, Hayabusa n° 2 ou 1.
Aussi, cette histoire de Frolic, que j’ai oublié d’acheter d’ailleurs, m’incite à garnir les montages en agrafant de gros filets PVA remplis de quarts de billes coupées (franchement en observant de prés ce stickmix improvisé, si j’étais une carpe, j’aurais également zappé le frolic :/). C’est alors que je replace chaque ligne (une bouillette, un tricheur et un snowman flottant), en rechargeant un peu en billes.
Trois heure trente du matin, un moulin hurle. Cramponné sur la 10 pieds, monté comme un malade, c’est l’éclate totale. Les bras, la canne, le poisson, tout le monde se donne pour enfin réceptionner le deuxième missile, encore une commune, dix-sept kilos. A l’aube, rebelotte, pour un poisson plus modeste en poids mais bien sport tout de même, de nouveau une commune, dix-douze kilos. Rajouter à cela quelques touches, des montages à refaire. Au final, il est bientôt huit heure du matin et temps d’aller dormir.
Debout à midi, barbecue, soleil, température agréable, séance photos, c’est le pied en fait. Étant donné l’état des stock d’appâts et l’absence de touche depuis le matin, je décide de relevé pour ne reprendre la pêche et l’amorçage qu’en début de soirée. Pat nous rejoins alors dans l’après-midi. A partir de dix-sept heure, nous passons en mode pêche.
Techniquement, temps que je gagne, je joue. Donc rien ne change, si ce n’est le déplacement de la canne avale improductive, en amont du poste. Aussi, niveau amorçage, j’en dispose d’un peu moins. Je tente alors le même coup que la veille, une bonne quantité de départ, au risque de replacé les lignes avec très peu d’appâts en fin de pêche si çà veut dérouler. A la tombée de la nuit, les affaires reprennent avec une magnifique fully d’environ huit kilos. Après manger et bien fatigués, nous décidons d’abréger la soirée, fatigue oblige. Medhi relèvera carrément ses lignes histoire de bien dormir.
Parti dans un sommeil profond, la centrale m’éjecte du bed-chair, çà hurle de nouveau. Complétement à l’ouest, je m’empare de la canne ne tardant pas à reprendre mes esprits. Là, un combat titanesque s’engage, le poisson part tout droit perpendiculaire à la berge pour prendre le large et rejoindre une veine d’eau principale. Un moment, j’imagine ne pas pouvoir sortir le fish. A freiner tout ce que je peut, il me semble que le poisson dérive loin en aval mais vers la berge. S’ensuit une série de pompages interminables. Alors que je continu sans relache, le poisson arrive à l’aplomb, j’essaie de le décoller en force, apercevant une masse noire, longue, passer sous le scion pour virer à quatre-vingt dix degrés, de nouveau vers le lit de la rivière. Le moulin se remets à chanter, le poisson maitrise la situation, c’est donc reparti pour un tour. Au deuxième passage, le combat s’achèvera sur un coup de pression, et une mise au sec des plus sport également. Dix neuf kilos commune, je n’en revient pas. Ce moment restera inoubliable.
Prenant conscience de la situation, il va falloir s’appliquer encore, la nuit n’est pas terminée, je n’ai plus beaucoup d’appâts, plus de PVA, plus d’eau même, mais des gros fihs répondent présents. Refaire les montages, rappels, placements de canne, micro-sommeils mais surtout tenir avec un minimum d’appâts, cette dernière nuit ressemble à une course d’endurance.
A sept heure trente du matin, après quatre poissons, le jour se lève. Je viens de jeter les trois dernières billes et sa poignée de graine sur cette dernière action, et je suis de nouveau pendu à une carpe. C’est le cinquième runs, le matos a ramassé, mes bras aussi. Je suis en trance lorsque glisse ce spécimen dans le filet, c’est encore une grande commune franchement profilée. Elle mesure plus du mètre. Le peson affichera vingt et un kilos.
Je tiens à remercier ici Patrick Salord et Medhi Gachet pour cette invitation exceptionnelle, et la société Déesse pour la qualité des appâts qu’elle propose. Ne pouvant tirer de réelles conclusions en une pêche sur le coté magique de ces billes, c’est donc naturellement que l’envie de réitérer l’essai m’impatiente.
Bonnes Pêches,
Halieutiquement.
Sylvain